Dessus_Dessous

En arpentant durant plusieurs jours la Médina, celle-ci nous est apparue comme l'épicentre de notre travail plastique à réaliser. Cependant, notre intérèt ne s'est pas orienté vers la " Médina Méta-Organisme " ; fantasme de la ville ou du lieu devenu un organisme indépendant, constitutif de la fusion de sa population, de ses structures, de ses éléments architecturaux, mais au contraire vers la " Médina-Objet " d'oùl'organique et l'humain sont extraits. Seule la Médina en tant que sujet plastique a retenu arbitrairement notre attention.

Cette " plasticité" de la Médina est tout entière incarnée dans le couple perceptif que nous avons synthétisé dans la terminologie : " Dessus _ Dessous ".
Notre médina est une pluralité antinomique : " ligne droite _ ligne courbe " ; " horizon _ plan " ; " dôme _ souterrain " ; " statisme _ cheminement " ; " lumière_ obscurité " ; " terrasses _ ruelles " ; " lumière du jour _ lumière artificielle " ;
Comment saisir et restituer notre " Médina " ?
Par notre processus de production, nous avons multiplié les différents points de vues dans une volonté de reconstruction photographique, distincte de celle obtenue par l'utilisation d'un appareil panoramique produisant une vue frontale unique.

" Dessus _ Dessous" est une image de 240 x 450cm, constitué de 90 photographies (40 x 30cm). Ces photographies forment deux panoramiques (120 x 450 cm), qui associés, constituent une coupe transversale hypothétique de la Médina.

"Dessus _ Dessous" s'offre au spectateur dans un champ imaginaire, tel qu'il s'était imposé nous lorsque nous parcourions la Médina.

De retour à Paris, les mois passant, désireux de prolonger l'expérience de la Médina, nous réalisions un grand panoramique extérieur que nous appelons "Vue de la terrasse de l'architecte".
Bien que dessiné au trait, il s'agit d'une photographie dans le sens ou cette image est aussi surface de projection. Un intermédiaire entre la mémoire du lieu et la prise de conscience globale de ce lieu à travers cette expérience postérieure de remémoration, c'est moins l'incarnation du paysage dessiné qui compte que le véritable travail d'anamnèse qu'il constitue.

Au cours de la réalisation commune de ce dessin nous avons eu tout le loisir déchanger nos souvenirs que tel ou tel détail du panorama réveillait en nous. L'expérience physique que nous avions ressentie en arpentant le "dessus" et surtout le "dessous" de la Médina, nous rappelait les premières lignes d'Alice Aux Pays des Merveilles

"Le terrier était creusé d'abord horizontalement comme un tunnel, puis il présentait une pente si brusque et si raide qu'Alice n'eut même pas le temps de songer s'arrêter avant de se sentir tomber dans ce qui semblait être un puits très profond.
Il faut croire que le puits était très profond, ou alors la chute d'Alice était très lente, car, en tombant, elle avait tout le temps de regarder autour d'elle et de se demander ce qu'il allait se produire. D'abord elle essaya de regarder en bas pour se rendre compte de l'aspect des lieux où elle allait arriver, mais il faisait trop sombre pour y rien voir ; ..."


Christophe CARTIER - Sébastien SUSSET-MIROCHNIKOFF, Paris, août 2003

Voir l'installation :
www.tunisartcontemporain.com



Christophe Cartier Installation 2003 Christophe Cartier Installation 2003 Christophe Cartier Installation 2003 Christophe Cartier Installation 2003